Artisane d'Art Tapissier décorateur Beaujolais-Bourgogne sud

Restauration d’un canapé corbeille Louis XVI

Episode 2

On se retrouve dans le deuxième épisode de la restauration du canapé corbeille Louis XVI. Aujourd’hui nous allons aborder la partie garniture, de la pose des sangles à la mise en blanc. Le dernier épisode sera axé sur la pose de la nouvelle couverture et de la finition. Alors sans perdre de temps, allons-y !

Le sanglage:

Opération qui consiste à créer une surface appelée « plancher » sur laquelle nous viendrons fixer les ressorts pour réaliser une garniture suspendue. La première opération est de déterminer le nombre de sangle que l’on viendra disposer sous la ceinture. Pour poser un bon sanglage, on vient tracer une ligne 1/3 du bord extérieur de la ceinture, ce qui nous permettera de fixer le sanglage à la semence et de ne pas fendre le bois. Pour la pose et la tension des sangles on peut utiliser plusieurs outils, la tenaille à sanglé ou le tire sangle.

La pose des ressorts:

Après avoir posés les sangles, nous venons positionner les ressorts d’assise, différents paramètres sont à prendre en compte pour choisir les ressorts adaptés (diamètre, hauteur, nombre de spires etc). La couture des ressorts sur le sanglage permet de fixer le tout. Nous insérons une petite poignée de crin dans chaque base de ressort pour évité la résonance.

position-ressorts

Le guindage:

Pour préparer le guindage, nous venons appointer sur le dessus de la ceinture de chaque coté des rangés de ressorts, elles serviront à fixer la corde à guinder.

La corde à guinder est généralement en lin, elle sert au maintient des ressorts lorsque l’on procède au guindage qui consiste à abaisser les ressorts à la hauteur souhaitée. Au premier passage, la corde à guinder effectue une simple boucle à chaque point d’attache de ressorts. La hauteur du guindage est généralement comprise entre 2 à 3 cm au dessus des taquets de l’assise. Le deuxième passage de la corde à guinder est un rappel qui sert à maintenir en place les ressorts, on vient nouer la corde à chaque point de passage et croisement.

Guindage

La toile forte:

Ensuite nous venons fixer une toile forte (toile de jute haut grammage) droit fil, qui viendra accueillir l’étape suivante, la pose des lacets !

Les lacets:

Le lacet est le résultat du piquage d’une ficelle de lin (ou autre mais à l’atelier on préfère les matières naturelles) continue entre deux semences ou deux points. Il se réalise le plus souvent en point arrière.

Cette étape est importante et nécessaire, pour maintenir le crin (végétal) et pouvoir évaluer la quantité de matière à venir mettre en place. Le positionnement des lacets doit toujours se faire de façon à avoir un lacet à cheval sur l’axe, donc en nombre impair. Cela permet de ne pas chasser le crin sur les cotés lors des différentes poses et mises en place des toiles, qui s’effectuent toujours du centre vers les exterminés. L’ampleur des lacets varie selon la quantité de crin souhaitée, elle se calcule en superposant ses doigts.

Couture des ressorts et de la toile forte puis pose des lacets

La mise en crin :

C’est une opération précise et délicate. Lors de cette étape on doit obtenir le bon volume de crin, défini préalablement par le style du siège et le rendu souhaité. Elle ne doit pas avoir de trous n’y de paquet de crin. L’ouverture du crin est une opération qui consiste à écarter les fibres du crin sans les sortir du lacet et lui donner un aspect plus vaporeux comme à la sortie de la cardeuse. Chaque paquet de crin est mis en place et ouvert les uns après les autres, pour ne pas oublier un lacet !

L’emballage:

L’emballage consiste à venir emprisonner le crin à l’aide d’une toile d’embourrure (toile de jute au grammage plus faible que la toile forte). Cette action sert à maintenir le crin en place. Il est important de se baser sur le droit fil et les axes tout au long de cette étape.

La mise en forme d’une garniture piquée.

Cette garniture demande une certaine dextérité et de l’entrainement pour obtenir une belle réalisation. Il s’agit de venir mettre en forme une masse de crin emprisonnée dans la toile d’embourrure. Différents types de points sont confectionnés pour mettre en forme la garniture, ils ont tous un usage bien précis. J’aborderai en détail cette étape dans un article plus complet.

La piqûre (ne pas confondre avec l’étape précédente le piquage):

La piqûre est une couche de crin animal, elle vient unifier et supprimer toutes les petites aspérités. Le choix de cette matière est essentielle pour obtenir un rendu parfait, garantir un confort et un ressort au fil des années apporté par le crin animal .

piqûre-dossier
piqûre-dossier

La mise en blanc:

La mise en blanc de la garniture, est considérée comme une première couverture. Elle doit être positionnée proprement avant de venir accueillir le tissu d’ameublement.

Nous avons abordés dans les grandes lignes les différentes étapes de confection d’une garniture traditionnelle pour ce canapé corbeille. Dans le prochaine épisode et le dernier de ce projet, vous découvrirez le résultat final.

Á bientôt !